Des mots de minuit

28 décembre 2017
culturebox.francetvinfo.fr, Entretien filmé avec Philippe Lefait et en compagnie de l'acteur Majd Mastoura
1 heure

Par ses mots, la romancière Ghislaine Dunant se glisse dans le travail littéraire de celle qui fut l'assistante de Louis Jouvet, résistante, déportée et écrivaine. Au-delà de l'empathie, un donner à lire qui permet de mieux entendre le destin de Charlotte Delbo.
Ghislaine Dunant a mis sept ans à "déplier" - c'est le mot - une oeuvre riche, littéraire et militante, protéiforme mais méconnue et tenue à distance par le monde de l'édition et d'une grande partie de la critique ou par le public : celle de Charlotte Delbo (1913-1985), la résistante survivante d'Auschwitz. Partie de Compiègne, comme 229 autres femmes déportées politiques dans Le convoi du 24 janvier, pour une réalité impossible à imaginer par celles et ceux qui ne l'ont pas vécue, pour une violence impensable qui y fut faite à l'humain, elle restituera par fragments un récit qui ne sera publié qu'en 1970 alors qu'elle a écrit Aucun de nous ne reviendra (premier tome de la trilogie Auschwitz et après) en janvier 1946.
Pour la romancière, passée par un autre effondrement, la lecture de ce destin a provoqué l'écho existentiel qui nourrit aujourd'hui un texte d'une densité et d'une profondeur qui tient de l'exploration littéraire, d'une façon de redire l'Histoire et du chemin de soi. Il aide à ce que chacun prenne conscience. Elle y a dit-elle rencontré "une écriture qui crevait la surface protectrice de la vie pour toucher l’âme, le corps qui souffre ce qu’un être humain ne doit pas souffrir. Les mots peuvent dire ce qu’il est à peine supportable de voir, et de concevoir."   

Le Tunisien Majd Mastoura est un jeune homme (25 ans), passé par des études informatiques "ennuyeuses" qui vient de recevoir l'Ours d'argent du meilleur acteur à la 66ème Berlinale, pour son rôle dans le film de Mohamed ben Attia "Hédi" (Ours d'argent pour la meilleure première oeuvre), une histoire d'amour inaboutie sur fond de printemps arabe (En salle le 28 décembre 2016). Recevant son prix, il a rendu hommage "aux martyrs de la Révolution" et dédié son prix aux "jeunes qui luttent toujours".
S'il se contente d'être un acteur, on verra et écoutera aussi dans ce qu'il dit un beau playdoyer pour une jeunesse et un pays qui se cherchent après avoir expérimenté en 2010 et 2011 la génèse des printemps arabes et pour lesquels beaucoup reste à faire.      

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